De quel peuple celte, gaulois, latin, saxon, franc, procède la race qui, du cinquième au dixième siècle, reçut ses derniers apports ethniques des Bretons et des Normands? Ce n'est pas l'histoire de Mesquer qui fera avancer l'état de la question.

Il y a lieu de croire que chez nous comme ailleurs les Bretons eurent l'avantage de ne guère trouver d'opposition de la part d'une population clairsemée sur un sol inculte; celle-ci leur vint des rois francs qui obligèrent les immigrants d'outre-Manche à se maintenir à l'ouest d'une ligne qui va de Nantes à Rennes et à Dol.

Le premier chef breton du Broërec, comté constitué du pays vannerais et de la Presqu'île Guérandaise, est le prince Waroc. Ayant cherché vainement à étendre ses Possessions vers l'est autour de 580, il finit par s'entendre avec les Mérovingiens et s'assurer la pleine indépendance de son territoire.

Comme Waroc avait établi l'une de ses résidences sur la côte de Piriac, à Lesguiriac, il en découla pour toute la presqu'île une activité intense. Elle eut pour conséquence à Mesquer la fondation du prieuré de Merquel . En même temps, les Bretons implantèrent leur civilisation et leur langue, toutes deux déjà héritées des Celtes. A Mesquer l'onomastique et le type de l'habitat démontrent encore leur permanence.

Bien que délaissé dans nos contrées depuis la fin du Moyen-Age, le dialecte breton vannerais, qui serait apparenté à la langue celte continentale plutôt qu'au gallois, a survécu dans la toponymie et l'anthroponymie.

Les noms de nos villages, hameaux, lieux-dits, sont le plus souvent d'origine bretonne, sans parler des appellations plus ou moins fantaisistes, issues du même idiome et attribuées par la suite à des résidences nouvelles.

Beaucoup de lieux-dits, même à une époque très reculée, ont pu être baptisés, après l'époque bretonne, du nom de la propriété principale dont ils dépendaient : ainsi Kervenel, Kerné, Kermoisan, Kerhué, Kernodet que l'on rencontre dans toute la Presqu'île. Plus fréquemment et jusqu'à nos jours, le premier propriétaire appelle sa maison de son propre nom, précédé du préfixe " Ker ", ainsi Kerjoli, Kermichel, Kerjan. Enfin beaucoup de vocables bretons ont été francisés au point d'être méconnaissables : longue-Haleine qui peut dériver de Lengalen, " alen " veut dire " sel ", Kerstrawill devenu Kerstravouille, Kerudal que Cassini écrit Kerbuidat, c'est-à-dire hameau construit près du ruisseau de Bidat. La signification des noms pittoresques des deux hameaux voisins de Kergoret et de Kerbiquet est-elle à chercher dans la langue bretonne ou dans la langue française?

Les anciennes archives permettent toutefois d'identifier les lieux-dits les plus anciens qui correspondent parfois à leur situation topographique :

Keroué, le hameau sur la hauteur; le préfixe" Bré " donne lui aussi une idée d'altitude : au-dessus du marais, Bré-Hérin à Mesquer, " Pen " qui signifie partie avancée, se retrouve dans Penmont, Pendhué, Pen-Lan, Pen-Loc; " Loc " et " Lan " désignent les circonscriptions territoriales ou ecclésiastiques; le mot" Prat " évoque une prairie : Praderoi, Praco, celui de " Coet " un terrain boisé : Coetpéan; celui de " Porz " une anse: Porz-aux-Loups.

Souvent, comme aujourd'hui, le premier habitant ajoute son nom aux préfixes " Tré "," Ker ", "Ti " qui indiquent des lieux habités: ainsi s'explique Tré-Ambert, la demeure des Arrbert; Ker-Vélec, le village du prêtre; Kercabélec; le village de.l'alouette; Ker-Rolan; le village des Roland; Ker-Dandec, le village des Le Dantec; Ti-Coz, la maison du vieillard...

La fréquence des toponyme sen Ker indiquerait que la colonisation bretonne atteignit son apogée aux environs de l'an 1000. Aucun de ces lieux-dits, de ces villages, ne nous a laissé d'histoires ou de légendes relatives à sa fondation. Tout au plus peut-on relever, sur le pourtour de notre territoire, la tradition qui rapporte que Cardinal doit son nom à l'émigrant du Xe siècle, Lorn, natif de Kincardine, en Écosse, et l'hypothèse qui fait de Kervarec, l'ancien manoir dont il restait encore un portail ogival du XVe siècle il y a cent ans, " l'Aula-Barech ", la résidence des premiers princes bretons.

Autres vestige de l'empreinte Bretonne, les patronymes des habitants de nos paroisses; Ils se sont conservés d'autant mieux que, pendant des siècles, les mariages ne se faisaient chez nous que dans la même paroisse.

Anézo c'est celui qui est venu d'ailleurs, l'étranger;

Denaire, l'homme qui ne traîne jamais, le rapide;

Guénégo et Leguen , des hommes blancs, de teint ou de chevelure;

Guyader rappelle un artisan d'autrefois, le tisserand;

Lequimener, c'est le tailleur;

Le Goff, le forgeron;

Le Floch est un gentil page,

Tual l'homme courageux,

Berthe, Bertho c'est l'homme beau ou illustre;

Le Huédé, l'homme venu des marais.

Tattevin, lui, n'a rien à voir avec le produit de la vigne; il fait allusion à un vieillard qui grisonne,tad-guen.

Dans le parler du terroir subsistent encore à l'insu de ceux qui les emploient, des locutions d'origine bretonne : l'adjectif "guené ", mouillé, sale, vient du nom " guewn " qui veut dire étang; le verbe " hinger " dérive de heigen, secouer; celui de fubler un cochon (lui mettre un fil de fer dans le groin pour l'empêcher de" chaffourer ") cultivée



Plus visible que l'héritage linguistique, le type d'habitat rattache indiscutablement notre région à l'architecture paysanne qui est devenue, du Finistère à la Galice, l'un des éléments du paysage breton.



La dispersion en de multiples hameaux dont certains peuvent être plus importants que le bourg, Boulay, Kercabellec, est caractéristique d'une province pour laquelle l'administration des P. T. T. a dû édicter des règles spéciales.Tous ces hameaux sont constitués d'habitations que, chez nous, les hommes de l'art s'accordent à classer dans la catégorie morbihannaise , entendez par là la maison paysanne, basse, orientée au sud, dont la conception remonte aux temps les plus reculés. Sa toiture de chaume aux lignes très douces, ondule harmonieusement à l'approche des lucarnes ou des portes de grenier, afin de dégager nettement les ouvertures. Les deux pentes du toit sont comprises entre deux murs-pignons portant à leurs sommets des cheminées symétriques.Très fréquemment ces maisons sont accolées en ligne, les unes aux autres. Dans le pays de Guérande, cette maison de type morbihannais se distingue encore par deux caractéristiques supplémentaires très anciennes : l'escalier extérieur vannerais plaqué latéralement sur la façade est remplacé par une échelle,et les mur sont teinté de blanc, comme il convient au "GUEN-RAN" que certain ont traduit PAYS BLANC ..

Le centre bourg dans les années 1900

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