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 Ces pages sont extraites de l'ouvrage  «Terroirs du Pays de Guérande»


Les Paludiers racontent qu'un "pâtour à vaches" eut, le premier, l'idée d'une saline, il avait remarqué que, sur une bôle lavée par la mer aux marées, chaque empreintes de ses vaches formait un petit réservoir où le sel se cristallisait, mais la version la plus admise est celle d'une adaptation à nos rivages et à nos marées des tables salantes des romains. les moines en auraient été les inspirateurs et les techniciens, les ducs de Bretagne les réalisateurs. Cependant l'art de la saunerie existait depuis longtemps dans le pays, sous une forme originale. Dans les ateliers et les fours antiques découverts à Kero, on a découvert, en quantité considérable, de curieux augets de terres, qui devaient servir à extraire le sel de l'eau de mer par évaporation. il étaient fabriqués au moule avec une pâte molle fortement battue. Des silex taillés accompagnent les augets, certains prétendent que ces augets servaient à recueillir des paillettes d'or, et non du sel.

Le traict de Mesquer "rivière prenant sa source a l'étang de Crémeur a Guérande", entame la côte d'une déchirure de 2,5 kilomètres de long et de 500 mètre d'ouverture, entre la pointe de Merquel et celle de Pen-bé. Le bassin salicole { 7300 œillets } s'étend sur la rive sud, et en profondeur dans une dépression naturelle, sur 3 Km vers l'est..... là, les salines s'insinuent dans les terres comme des rameaux étroits, centrés chacun sur un étier directement enté sur le trait. chaque petit bassins est séparé des autres par des terres arables.

vue des marais salants de Mesquer


C'est toujours la même technique et la même origine historique. Sur un sol marin "peu à peu comblé par les argiles déposées par les marées, l'homme a aménagé le marais, creusé les étiers, élevé les talus de protection et, par un jeu savant d'écoulement de l'eau de mer de la vasière par le gobier jusqu'à l'œillet , récolter le sel..

L'eau de mer serpente entre les levées de terre envahies par les salicornes, et par les étiers qui se ramifient en bondres, passe dans le réservoir des vasières, par un conduit souterrain ou couef. On puise à ces réserves, à la demande, selon le rythme de la récolte.
L'eau commence son périple salinier qui se poursuivra à travers un jeu de vannes et de pertuis souvent frustes mais efficaces, par des canaux et des aires d'expansion (cobiers, lares, adernes) où l'on règle le débit et la hauteur, où l'évaporation s'amorce et où la saturation s'accentue. Le paludier y aide en agitant le liquide de temps en temps. Le dernier passage, le cuy {vanne} livre accès à la saline proprement dite, composée d'alvéoles, les œillets, séparés les uns des autres par les bossis, étroites digues de 30 à 40 centimètres de largeur. Là, exposée en plein ciel d'été, au vif soleil, au vent de mer qui renouvelle sans cesse l'air, la saumure introduite à des épaisseurs minimes atteindra 27°, et livrera rapidement son sel qui se cristallise et se dépose sur le fond. Ce sera alors la cueillette.
Tâche en apparence facile, lorsqu'on voit les paludiers armés de leur las au manche long et souple, ramener à leurs pieds, " au nez de la ladure ", la blanche récolte. Mais il y faut une main experte, pour doser le lancer de l'outil et son mouvement de retour avec le long bras de levier flexible du manche, afin de ne racler que le sel, et non pas, en même temps, la molle pellicule vaseuse sur laquelle il repose...
Tous les ouvriers n'y excellent point autant, et tel récoltera un sel éclatant, tel autre des cristaux grisâtres et souillés.
Par endroits, le bossis s'élargit en petite place circulaire d'environ 70 centimètres de diamètre appelée ladure. C'est là que le paludier dépose, à pied d'œuvre, la petite récolte quotidienne de chaque œillet.
Périodiquement, on porte le sel au bord de la saline, sur une surface spécialement planée pour permettre l'écoulement des eaux de décantation : le trémet. Celui-ci reçoit peu à peu le sel de la saison qui s'élève bientôt en une blanche pyramide brillante : le mûlon. Des levées rattachent le trémet (on prononce teurmet) aux chemins d'évacuation. A chaque épuisement de l'eau-mère, on admet une nouvelle saumure....on donne à boire au marais.
La période de travail comme l'importance de la récolte sont très variables suivant les années. On devine qu'à cette latitude, il y ait quelques aléas... Mais si l'hiver est humide et doux, il y a souvent des étés étincelants. En moyenne, le sel ne se forme guère, toutefois, avant juillet ; mais il suffit alors d'une courte période de chaleur pour que la saison s'affirme. Si le beau temps se maintient, le marais ne tarde pas à être en feu, pittoresque locution pour dire que l'évaporation est rapide. Il a, à ce moment, la réputation méritée de chasser les orages, sans doute à cause des courants ascensionnels produits par l'air surchauffé au-dessus des œillets. De sorte que la vaste surface des salines protège le pays des violences de l'atmosphère.
Les trop grandes chaleurs peuvent aussi arrêter la formation du sel : les marais sont échaudés. Il faut alors les vider et renouveler l'eau.
En période de saunaison, toute la population paludière est en alerte.
Il faut, chaque jour, aux heures où la chaleur est moins forte, extraire les cristaux étincelants comme des diamants.
Hommes et femmes s'activent, les premiers armés du las, les secondes. , portent le sel de la ladure au trémet. Cette manutention se faisait autrefois, au moyen de paniers de bois appelés gèdes, posés en équilibre sur la tête, quelquefois dans deux récipients accrochés aux extrémités d'un joug que l'on portait en travers des épaules. Sur les lanières étroites des bossis, on circulait pieds nus, Les littérateurs ont vanté l'allure vive des paludières, marchant comme en plein ciel au milieu de l'eau calme où courent les reflets des nuages...
Le sel qui se cristallise à la surface forme une sorte d'écume blanche, un peu rosée, à odeur de violette: " La fleur de sel"
Le las est un râteau au manche long (5 mètres) et flexible terminé par une panne de bois poli. Plus petit, c'est le boutoué qu'utilisent femmes et jeunes gens pour tirer au pont (hisser le sel sur la ladure). La fleur de sel se recueille à la lousse, pelle plate. On emplit les gèdes avec de petites planches dites salgaies. Le matériel comprend encore : les boïettes, pelles de bois pour manipuler le sel ou la vase, et la cesse, autre pelle creuse pour puiser l'eau.
L'hiver, les marais dorment sous l'eau pour que la gelée ne détériore pas leurs cloisonnements fragiles. On assèche en avril, on corroie le fond des œillets (c'est l'opération des mises, puis, on fait une prise d'eau de mer. Tous les deux ans, on raye (cure) la vasière.
Un plus gros travail revient tous les quinze ou vingt ans. C'est le chaussage . bêchage puis exhaussement des fonds d'œillets avec de la terre battue.

Les outils du paludier , le plan d'un marais salant.



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