L'église et son histoire
Le prieuré de Merquel attira naturellement les
habitants du voisinage à ses offices. Pourtant les Mesquérais cherchèrent de bonne
heure leur indépendance religieuse et construisirent près du couvent, mais hors de sa
clôture, leur premier centre paroissial, la chapelle Saint-Mars.
Entre l'église bénédictine et l'édifice paroissial s'étendait un cimetière qui servait aux moines et aux Mesquérais. On ne peut fouiller le sol de la pointe de Merquel sans rencontrer, un peu partout, des ossements humains. Seize squelettes entiers et bien conservés ont même été découverts, il y a près d'un siècle, lors des travaux d'agrandissement du chantier de construction navale des Judic; couchés, à peu de profondeur, sur un lit de pierre, ils avaient la tête protégée par une sorte de petite niche formée de trois pierres plates, deux disposées à la verticale, la troisième posée horizontalement sur les autres.
Le culte de leurs morts n'empêcha pas les Mesquérais de trouver trop excentrique l'implantation de leur église.
Elle n'était d'accès relativement facile que
pour les villages riverains de la côte; les paroissiens des hameaux terriens devaient,
pour se rendre aux offices, emprunter de légères passerelles sur des étiers boueux ou
les traverser en barques. L'édifice était en outre trop petit car il ne pouvait contenir
plus de cent paroissiens alors que la population, bien que le nombre officiel des
habitants ne nous soit pas connu, atteignît au moins sept cents âmes.
On pensa donc, dès le début du douzième siècle, à construire une église sur un
emplacement géographique plus central et plus accessible, celui qui allait devenir le
Bourg. Les Templiers de Faugaret, qui avaient des intérêts à Mesquer, aidèrent leurs
vassaux et leurs voisins à édifier la maison de Dieu. Elle fut construite devant
l'actuel presbytère, sa façade ouest à l'aplomb de la rue du Cimetière. Elle a défié
sept siècles et est tombée sous la pioche des démolisseurs, un peu avant 1900, moins de
vétusté que d'un défaut bien connu aux " Orgueilleux de Mesquer " qui ne se
pardonnaient pas d'avoir été devancés par leurs voisins dans la course à l'église
neuve, à la mode de l'époque.
L'église de Mesquer détruite en 1900
L'édifice du douzième siècle, bas et trapu, se signalait assez loin par son haut
clocher carré, planté sur la croisée du transept; une tempête l'ayant privé de sa
flèche, on le couvrit plus tard d'un lanternon d'ardoises achevé en poivrière. Des
photographies nous ont conservé sa belle façade romane; la partie centrale consistait en
un assemblage de deux étages d'arcatures en plein cintre : dans celui du bas s'ouvrait la
porte principale dont l'arc était soutenu par deux colonnes aux chapiteaux dissemblables,
ornés de feuillages et de torsades, deux demi-arcatures, portées par des massifs de
maçonnerie, venaient épauler l'arc central par-devant un mur en retrait sur l'ensemble
architectural; elles créaient ainsi, autour de la porte, un peu d'ombre et de lumière
qui devait être d'un bel effet.
A l'étage
supérieur s'ouvraient trois fenêtres, le pignon triangulaire portait une croix de granit
qui reste pratiquement le seul vestige de la construction
primitive. Le curé Lebastard, qui est en partie responsable
de la démolition du vieux monument,avait pourtant reconnu la valeur de sa façade, il
aurait voulu la conserver sur la place, à l'entrée de la route de Mesquer à Saint-Molf,
à la façon des arcs de triomphe romains qui ouvraient des voies solennelles.
On posa la première pierre de la nouvelle construction, le 21 août 1892 .
Ouverte au culte en 1894, l'église attendit quarante ans son clocher qu'une institutrice
lui offrit par testament. La mémoire de cette donatrice est évoquée dans le marbre à
l'entrée de l'édifice. Le curé bâtisseur repose en son église.
Le baptème et la bénédiction des 3 cloches 27 Janvier 1935
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Le cantique écrit spécialement pour l'événement avec les noms de baptême des 3 cloches |
La sobre architecture de l'église de Mesquer a été voulue par son créateur, Il faut un
bâtiment capable de tenir tête aux tempêtes et de résister à la corrosion de l'air
marin; d'où, en définitive, cet édifice rectangulaire, sans aucun décrochage
architectural de parties saillantes que le vent dégrade en ses tourbillons, ce vaste toit
lisse que la tempête peut enjamber sans l'endommager, cet appareil de granit que ni
l'humidité ni l'air salin ne peuvent attaquer... M. Ménard n'avait pas prévu toutefois
que la tornade de février 1972 s'en prendrait au coq du clocher et le ferait s'incliner
d'une manière inquiétante!
La grâce de l'édifice est toute à l'intérieur : colonnes monolithes de granit,
chapiteaux et pieds droits sculptés par Vallet, autels de marbre gris et tapisseries de
Françoise Tual qui racontent, avec la laine " la fête et l'espérance des hommes
" .