A la fin du siècle dernier, les moyens de communication dans la presqu'île. étaient des plus rudimentaires. Avant l'apparition de la bicyclette. on se rendait à Guérande. Chef-lieu de canton. à pied ou en charrette. Le voyage de St-Nazaire constituait toute une expédition.

Ces conditions précaires de transport isolaient complètement notre commune et rendaient les échanges très difficiles. Seul, le sel en sortait aisément par voie maritime. Quelques ânes étaient utilisés par les faux-saulniers qui arrivaient à en soustraire quelques pochées à l'attention des nombreux gabelous qui sillonnaient les rivages et la campagne. à l'entour des marais.

C'est en juillet 1907. après accord des pouvoirs publics qu'a été ouverte et mise en service la "ligne" du "Petit Train" entre Guérande et Herbignac. avec la création de deux gares, l'une à Mesquer. l'autre à Quimiac. Le trajet entre Guérande et Mesquer durait une heure, après escales à La Turballe et Piriac, un convoi cahotant qui parcourait un itinéraire tracé dans la campagne et parfois au travers des agglomérations, comme c'était le cas à La Turballe.

Le convoi était composé. sur voies de 1 mètre, d'une Locomotive à vapeur type Pinguely,. développant 2 tonnes 600 de traction et pesant elle seule 15 tonnes. Elle entraînait en général, à la vitesse de 15 à 20 Km/H, deux wagons de voyageurs, d'une capacité de 30 places assises et un fourgon à bagages, compartimenté pour le transport des sacs postaux. A chaque extrémité des wagons-voyageurs, il y avait une plate-forme qui était très recherchée
par les enfants et les amoureux , en dépit des escarbilles que le vent rabattait souvent sur eux.

L'équipe du train se composait d'un chauffeur mécanicien et d' un chef de train; les services sédentaires étaient assurés par un chef de gare, ( La dernière "chéfesse" de la gare de Quimiac a été désirée Cabelduc. décédée en 1982 ).

La voie était entretenue par des cantonniers.

Cette mise en service du "Petit train" a constitué un évènement considérable dans nos contrées permettant le transport des voyageurs et des marchandises. Elle a, en outre, provoqué la venue de touristes nantais, entre autres, qui ont acquis des terrains très bon marché à cette époque sur la bande côtière, et commencé à y édifier des résidences secondaires. Ces nouveaux propriétaires ont attiré dans leur sillage, parents, amis et connaissances et il est bien évident que le "Petit train" a beaucoup contribué à faire de Mesquer la station balnéaire qu'elle est devenue. C'était de plus une vraie fête pour les jeunes de se rendre à la gare pour y chercher un voyageur de connaissance ou pour poster du courrier.

L'avènement des voitures automobiles et leur vulgarisation a été le signal de la mise à mort et tout a été terminé le 1er juin 1936. Les voies ont été arrachées, les gares sont devenues des résidences et bien peu nombreux sont ceux qui s'en souviennent et sont conscients de la reconnaissance qu'ils doivent envers leur Petit Train.